Ben...rien
Avec l'annonce de la mort de dieu dans Ainsi parlait Zarathoustra,
l'homme s'est cru perdu, dépossédé de son sauveur ethnocentré.
Qu'allait il devenir, où allait il aller, et surtout comment allait il
y aller? Heureusement, les oracles modernes (entendons pas là
commerciaux proprets, lunettes Armani, costume Hugo Boss, sourire
Colgate et mentalité Moltonel) ont répandu la bonne parole et
aujourd'hui, tout à chacun fait serment d'allégence à son nouveau dieu
GPS. La direction est à nouveau tracée, l'homme a retrouvé son chemin,
et surtout le plus court, celui qui évite les travaux, les bouchons
etc... enfin bref, qui évite tout élément nouveau et imprévu. Jusque
là, l'homme était obligé de parler avec son/ses compagnons de voyage
pour péniblement essayer
de trouver le meilleur endroit où aller poser son cul pour fumer des
joints. Son nouveau dieu GPS a libéré l'homme de cette corvée et
aujourd'hui, plus besoin de faire semblant de s'intéresser à la journée
de vos potes ou de votre meuf: non, un sépulcral silence est réservé à
l'écoute de la parole divine "tourner à gauche à 200 mètres", "200 m
j'avais dit espèce de grosse merde". Il est d'ailleurs à noter que le
dieu moderne ne diffère que peu du dieu classique, et que, tout comme
lui, il est assez peu cordial et à tendance à vous prendre pour un con et à vous parler comme à une merde.
Mais
tout ceci était encore trop peu pour le dieu GPS: si les gens ni ne se
perdaient, ni ne se parlaient en voiture, il restait encore Sodome
et Gomorre: la rue, lieu de toutes les débauches. Dans la rue, les gens
continuaient à se perdre, à se rencontrer, à se parler, à faire de
l'inconnu... et ça, dieu ne pouvait l'accepter. Dieu GPS se souvint de
la tour de Babel, se facha tout rouge et envoya l'oreillette Bluetooth
de l'apocalypse. Malheureusement, mécréans et infidèles étaient encore
légion. Alors dieu GPS envoya sur terre son fils: le GPS
portable/téléphone/internet/télé/sex-toy. Grâce à lui,
l'homo-pragmaticus était tout à son écoute et ne souciait plus que des
évangiles délivrés sur un ton monocorde "après la poste, tourner à
gauche à 200 m", "200 m
j'avais dit espèce de grosse merde" (le fils est aussi con que le père, c'est la marque de famille).
Comme
le disaient les grands sages Shadocks, quand on ne sait pas où aller,
il faut y aller et vite. Grâce à la technophilie et à l'high-techisme,
nous devenons enfin des Schadock: nous ne savons où aller, mais nous ne
perdons pas de temps pour nous y rendre.
Dieu veille sur nous, au centimètre près.
PS: entendu à la fnac il y a qq jours: le dieu GPS peut maintenant se brancher sur un appareil photo, histoire de savoir à quelle heure et où ont été prises vos photos...pffff