V for Vendetta
J'ai fini
par me décider à voir ce film. Je n'avais pas été motivé lors de sa
sortie en salle, tout le foin fait autour de son message, de son coté
subversif m'ayant royalement gonflé. A ceci il convient d'ajouter les V
taggés de ci de là
sur les murs de ma ville dans les semaines qui suivirent. Non
franchement, tout ca n'augurait rien de bon... Du temps et qq retours
plutot flatteurs ont finalement eu raison de mon entetement.
Donc me voilà parti avec la boite en main essayant fébrilement de saisir de mes doigts boudinés maladroits
enfumés le DVD et de le glisser dans le lecteur. Le temps de laisser
les bidules légaux de rigueur me disant que c'est pas bien de graver des
films, que c'est rien que comme ca que l'industrie du film elle va
mourrir, je jette un oeil distrait sur la jaquette. Et merde: "le
blockbuster le plus subersif et le plus intelligent jamais réalisé". Ca
sent pas bon cette histoire, je dirais même que ca sent le corbeau mort
cloué sur une porte. Et déjà le film débute.
V for Vendetta,
quoi que c'est? A la base, une BD d'alan Moore et David Loyd qu'elle
est bien, et pour le coup, vraiment subversive et intelligente. Dans un
futur proche, c'est le bordel total dans le monde. Pour ramener
la paix et l'ordre en grand Bretagne, une dictature librement choisie
par le peuple a été mise en place. Du coup, c'est plus l'anarchie, le
pays il est en paix, mais faut pas ouvrir sa gueule et faut utiliser son
temps de cerveau disponible pour bien écouter le grand chancelier et
faire tout comme il dit, sinon la police sarkoziste
vous pete les rotules ou vous ampute de la vie. Fort heureusement,
comme à chaque fois dans des périodes troubles au cinéma, un héros sort
de l'ombre et fait rien qu'à vouloir refoutre le bordel. Vendetta, le
héros, je le rappelle pour les 3 du fond qui suivent pas, donc le
dénommé Vendetta fait péter des lieux symboliques à des dates
symboliques, il pirate le réseau de télé et ouvre les yeux du bon
peuple ("tavailleurs, travailleuses, on vous ment, on vous spolie" oups
là, j'a trompé de post, quoi que ca marche quand même) sur la réalité
de la société et du gouvernement. Au début, il sauve une nana super
mignonne de méchants de la police du parti qui en voulaient à son
derrière (celui de la nana, pas de Vandetta, c'est pas subversif à ce
point). A défaut d'autre chose (Vendetta a été tout brulé pdt un
incendie et depuis, il a qq pb à s'aimer physiquement, alors de là à
envisager une relation avec une femme), il lui ouvre les yeux et
l'amène
à prendre son destin en main et à vivre libre. A la fin, le méchant
grand chancelier pleure comme une fillette, prend un balle dans la tete
et tout le bon peuple londonien fait la révolution au pas, grimé en
Vendetta.
Franchement, c'est un film qui se regarde très bien, on ne s'ennuit pas, c'est rythmé, sauf que... car oui, il y a un sauf que, et de taille. Intelligent et subversif qu'ils disaient. Intelligent et subversif, c'est sans doute ce qu'aurait pu être le film s'il avait été doté d'un peu de psychologie et d'une narration travaillée. Les changements dans la société suite aux actions de Vendetta, la prise de conscience de la population, la remise en marche des cerveaux, tout ca n'est qu'à peine abordé et semble couler de source. En fait, faire une révolution, faire tomber un dictateur, c'est super simple: suffit de dire aux gens "et les gens, sortez vous les doigts du cul, on vous ment, on vous spolie" et hop, c'est bon, ni une ni deux, les gens se sortent les doigts. L'histoire s'étale sur plus d'une année et pourtant, on jurerait que tout ca ne dure pas plus de 2 semaines. Le gouvernement ne semble pas durcir sa politique. On vous l'a dit, faire une révolution, c'est facile, suffit de planter 2-3 graines et de laisser prendre. Seul le personnage du flic chargé de l'enquete sort du lot et réussi à illustrer le cheminement de celui qui réapprend le doute et le questionnement.
En
fait V for Vendetta croule sous le poids de ses influences. La BD déjà,
qui pour le coup est trop intelligente et complexe pour la vision
grand public et formatée des frères Wakowski, spécialistes de la
subversion et de la rébellion guimauves depuis matrix. Loin, très loin,
plane aussi l'ombre de 1984. Et pour le coup, le film donne plutot
l'impression d'etre l'adaptation de la ferme des animaux: un 1984 pour
les enfants, mis en images, élagués de certaines profondeurs pour le
rendre plus digeste. Et donc forcément moins percutant, moins
intelligent et moins subversif.
Il
manque pas grand chose pour que ce soit vraiment un bon film. Une âme
sans doute. Au final, un bon divertissement révolutionnaire pop corn.